Kongo Central : plus de 37 000 habitants seront déguerpis avec le projet Inga 3, les communautés locales craignent de revivre les effets néfastes des Inga 1 et 2
Les membres des communautés locales d'Inga, agglomération située à 60 kilomètres à l'Ouest de Matadi, ne veulent pas entendre de la réalisation du projet Inga 3 suite. Ces derniers auront des impacts négatifs sur eux.
D'après le porte-parole de cette structure, Tona Mbumba, un clan n'a plus des terres. Selon lui, toutes les terres du clan Mankuku Futila ont été confisquées par la Société Nationale d'Electricité (SNEL) lors des projets Inga 1 et Inga 2. Et cette population n'a rien obtenu comme compensation et craigne de revivre la même chose avec Inga 3.
"La délocalisation a eu lieu quand leurs terres étaient occupées pour ériger le site d'Inga, qui est l'actuel concession d'Inga. Cette population qui est victime, va encore voir ses terres spoliées pour la réalisation du projet Inga 3", a-t-il dénoncé au cours d'une conférence de presse à Matadi.
Et d'ajouter:
" Selon les estimations de l'Agence de Développement du Projet Inga (ADEPI), près de 37 milles personnes seront délocalisées avec le format de 11 milles mégawatt. Quand on délocalise, vous imaginez que ces populations vont perdre leurs moyens de subsistances ; les populations vont perdre leurs terres et leurs sites sacrés (cimetières, les endroits de leurs ancêtres, etc) suite à cette délocalisation, les communautés seront également déracinées et vont perdre leurs identités culturelles propres".
Tona Mbumba regrette l'indifférence du gouvernement quant à la situation des populations menacées.
"Les autorités du pays, accompagnées des délégations, viennent à Inga et rentrent à Kinshasa, aucune autorité n'a jamais songé à rencontrer les populations qui ne sont ni informées ni consultées. Le dernier cas en date est celui d'une délégation des hommes d'affaires allemands le 14 août dernier. Aujourd'hui, le gouvernement est entrain de brandir le projet Inga 3, aucune autorité ne s'intéresse au sort que vont subir les communautés locales d'Inga sur les impacts négatifs de ce projet pourtant vanté par le gouvernement. Comme d'habitude, on met seulement l'emphase sur les aspects positifs, ça va générer du travail, sans pourtant dire que ce projet aura des conséquences fâcheuses sur la vie des populations locales", déplore-t-on de ce côté..
Le souci pour les communautés locales d'Inga, à en croire Tona Mbumba, est de rencontrer le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour échanger avec lui concernant leurs préoccupations.
Le gouvernement congolais avait signé en octobre 2018 avec deux entreprises, chinoise et espagnole, pour financer le projet de barrage Inga 3 d’une capacité de 11.000 mégawatts, ce qui ferait que ce barrage puisse desservir en électricité une bonne partie de l’Afrique. Son coût est estimé à 14 milliards USD.
La BAD a financé pour environ 15 millions USD l'étude de faisabilité pour la poursuite du développement de ce site sur lequel deux premières usines d’une capacité totale de près de 1800 MW avaient déjà été installées : Inga 1, en 1972, et Inga 2, en 1982. Elle a, jusqu'en février dernier, mobilisé environ 90 millions USD et a promis de continuer de jouer un rôle de premier plan dans ce processus de développement du site. Elle a promis aussi de fournir des conseils et de l’aide à la mobilisation des fonds nécessaires à la réalisation du projet Inga 3.
Dany KINDA-N'ZITA/Actualité.cd
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